Ficoïde Cleretum bellidiforme G.D. Rowley, 1979. syn. Dorotheanthus bellidiformis N.E.Br, 1928 Syn. Mesembryanthemum criniflorum L., 1782

Caractéristiques :

Originaire du sud-ouest du Cap et du Namaqualand (Afrique du Sud), cette plante annuelle – qui fréquente les plaines sablonneuses et les rochers des façades littorales – tire son nom de la structure charnue de ses feuilles, semblable au fruit du figuier (du latin ficus). Son appellation commune peut porter à confusion tant sont nombreux et diversifiés les genres et espèces de ficoïdes, à l’instar de la Ficoïde comestible ou « griffe de sorcière » (Carpobrotus edulis), ou bien de la Ficoïde à feuilles en cœur (Aptenia cordifolia) dont le goût légèrement acidulé des feuilles ressemble à celui du pourpier.

Classée parmi les plantes succulentes capables de résister à la sécheresse en stockant l’eau dans ses tissus, cette Ficoïde forme rapidement dès le début de l’été un épais coussinet tapissant (« tapis magique ») d’où émergent, comme épinglés, des capitules multicolores semblables à une marguerite ou à une pâquerette (sens de l’épithète bellidiforme) mais dont les fleurons externes seraient plus longs et plus effilés.

Au cœur, le disque central accueille de nombreuses étamines pollinifères fréquemment visitées par les insectes qui assureront la reproduction croisée de la plante (entomogamie). Le patronyme de (David) « Livingston » souvent associé au nom de la plante fait référence à l’explorateur écossais qui fut envoyé comme missionnaire au Cap, berceau géographique de la Ficoïde, en 1840.

Genre :

Cleretum N.E.Br.

Relativement récent, le genre botanique Cleretum fut créé en 1925 par le botaniste et taxonomiste britannique Nicholas Edward Brown, éminent spécialiste des plantes succulentes. Il comprend une douzaine d’espèces, toutes natives des zones dégagées et ensoleillées de la Province du Cap, en Afrique du Sud (Kew, 2023). Ce genre fait partie des 120 sous-groupes de la grande famille des Aizoacées, dont l’étymologie grecque rappelle que ces plantes sont réputées pouvoir survivre à des conditions extrêmes (sécheresse).

Usages :

Ornemental

Son port en coussinet et ses fleurs irisées en forme de marguerite font de cette Ficoïde une espèce couvre-sol décorative, appréciée des pollinisateurs et des jardiniers. Ce « tapis magique » – nom commercial de la plante – se décline dans une grande variété de coloris simples ou composés : blanc, jaune, rouge, rose, orange, pourpre et crème. Les pépiniéristes proposent une large gamme de ficoïdes ornementales appartenant à différents genres botaniques, comme la Ficoïde à feuilles en cœur (Aptenia cordifolia) ou le Pourpier de Cooper (Delosperma cooperi), toutes deux vivaces.

Chronobiologie :

Le rythme circadien de cette espèce fut pour la première fois consigné par le botaniste A. de Candolle qui établit – dans la continuité des travaux de Carl Linné – une liste de végétaux susceptibles de constituer une « Horloge de Flore ». Dans son ouvrage Physiologie végétale (1832), consacré aux fonctions vitales des plantes, il mentionne uniquement l’ouverture précise de la Ficoïde à 12h à Paris l’été.

Les noms vernaculaires anglophone « Midday flower » et germanophone « Middagbloem » (fleur de midi) de la plante paraissent confirmer cette prédisposition à sortir du sommeil lorsque le soleil passe au zénith.

Carl Linné – qui publia l’espèce en 1782 – la fit entrer dans la nomenclature des Mesembyianthemum, tirée du grec ancien et signifiant littéralement « fleur du milieu de journée ». Il inclura 4 espèces différentes de Ficoïde dans son « Horloge de Flore » (1751), dont la Ficoïde glaciale (Mesembryanthemum crystallinum) qui, à la latitude d’Uppsala en Suède, éclot précisément à 10h le matin pour se refermer, tout aussi ponctuellement, à 16h.

Extrait littéraire :

« Les Fleurs “Luxuriantes” multiplient la Corolle aux dépens des Étamines, qui deviennent Pétales ; de sorte que les Fleurs Multiples ont perdu beaucoup d'Étamines, & les Pleines, toutes. L'ordre multiple des Pétales offre l'idée d'une Fleur Multiple ; mais les Fleurs du Nénuphar, du Cactus, du Ficoïde ne sont point à citer, puisqu’elles sont telles, sans que les Étamines souffrent aucune altération. »

Carl Linné, Philosophie botanique, 1788

Herborisation :

Crédits photos :

Première image:

nicky myburgh (licensed under http://creativecommons.org/licenses/by-nc/4.0/)

Seconde image:

Dr J. Muir, « Dorotheanthus bellifdiformis, Droogevlakle Riversdale Div., (Afrique du Sud), 29/10/1928 », http://specimens.kew.org/herbarium/K000076480